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Transformation des feuilles de palmier en bois

 

L’Égypte est riche en palmiers de diverses espèces. Les fermiers apprécient leur ombre lors des chaudes journées ou y récoltent leurs dattes sucrées. Les femmes bédouines utilisent des feuilles de palmier séchées pour tresser à la main des paniers, des chapeaux et des lampes. Les utilisations potentielles des palmiers sont infinies. Hamed El-Mously, bénéficiaire du Centre de recherches pour le développement international (CRDI) et professeur de génie à l’Université Ain Shams, a trouvé de nouvelles utilisations aux feuilles de palmier, c’est-à-dire les transformer en bois dur et en produits de bois d’excellente qualité, ce qui permettrait de réduire l’importation de bois en Égypte tout en créant des emplois dans les collectivités rurales.

Découverte d’une nouvelle merveille en Égypte

Tout a commencé dans les années 1990, quand le CRDI a appuyé M. El-Mously dans le développement de nouvelles technologies visant à transformer la nervure médiane des feuilles de palmier, une matière souple et vivante, en planches de bois dur. Dans le cadre de ses recherches, M. El-Mously a effectué des tests sur différentes espèces de dattiers et a élaboré des techniques écologiques de séchage au soleil et de collage des nervures médianes pour former des blocs en bois.

L’équipe de M. El-Mously a élaboré une technique d’extraction novatrice qui, par rapport à la coupe traditionnelle, est silencieuse, non polluante, avare d’énergie et plus sécuritaire pour les fermiers et les ouvriers. De plus, les recherches ont démontré que les résidus des feuilles de dattiers, qui ne sont pas utilisés dans la production de bois, peuvent servir de substitut à la farine de blé dans l’alimentation pour volailles.

M. El-Mously indique que les propriétés du bois de palmier ont été testées dans un laboratoire à l’Université de Munich, en Allemagne, pour vérifier s’il pouvait bel et bien remplacer le bois dur. « Les résultats démontrent que le bois de palmier est très concurrentiel par rapport au bois dur. L’Égypte dépend grandement du bois importé, qui coûte très cher. Si nous commençons plutôt à utiliser nos ressources locales, nos besoins seraient comblés à au moins 50 pour cent », ajoute-t-il.

De feuilles vertes à produits verts

Plus de 20 ans plus tard, Hamed El-Mously s’efforce toujours de mettre ses résultats de recherche en pratique. Grâce à la création de la Egyptian Society for the Endogenous Development of Local Communities (EGYCOM) [Société égyptienne pour le développement endogène des collectivités locales], il collabore maintenant étroitement avec des artisans et des fermiers des plus pauvres villages d’Égypte.

L’un des projets phares d’EGYCOM se déroule dans le village d’Al-Qayat, dans le gouvernorat de Menya, en Égypte. Les résidents reçoivent une formation sur les techniques de transformation des frondes de palmier en blocs en bois, qui peuvent ensuite servir à produire des tables, des cadres de miroir, des parquets mosaïque et des revêtements muraux en bois respectant les normes internationales. Le projet vise non seulement à transmettre cette nouvelle technologie et ces connaissances à la collectivité : il permet surtout de créer des emplois durables, ce qui aide à lutter contre la pauvreté dans la région. « Nous nous efforçons surtout d’encourager les femmes au foyer à travailler à la maison en leur fournissant des appareils silencieux et écologiques. Notre objectif pour la prochaine étape consiste à aider au moins 100 femmes du village », explique M. El-Mously.

Un autre exemple remarquable de projets d’EGYCOM se déroule dans le gouvernorat d’El Fayoum. Les femmes du village d’El Kaabi produisent des sacs fourre-tout écologiques en palmier. Les sacs peuvent aussi servir de compost pour fertiliser le sol dans n’importe quel type de composteur. Lorsqu’ils deviennent inutilisables, les sacs peuvent être découpés en petits morceaux et enterrés profondément dans le sol.

Des produits locaux à l’échelle internationale

Les salles de montre, la distribution à des marchés locaux et les commandes spéciales de clients sont tout autant de manières de commercialiser les produits de palmier fabriqués dans les régions. M. El-Mously prévoit sonder les marchés internationaux afin de déterminer le potentiel d’exportation dans des pays comme l’Allemagne, la Suisse et le Japon.

Est-ce que l’expérience de l’Égypte dans la transformation de feuilles de palmier en bois pourrait inspirer d’autres pays arabes ? Regorgeant de plus de 100 millions de palmiers, le monde arabe est très prometteur pour M. El-Mously. L’objectif de ce dernier se veut d’encourager d’autres pays arabes à fabriquer des produits novateurs à partir de matières premières que l’on trouve dans la nature.

Pour obtenir de plus amples renseignements, il est possible de consulter le rapport final du projet d’utilisation de la nervure médiane des dattiers (en anglais seulement).