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Téléphones mobiles, Internet et sexospécificité au Myanmar

 

Parmi les marchés mobiles les moins exploités au monde, celui du Myanmar se classe toujours au troisième rang en raison du fait que les dirigeants militaires du pays ont étroitement contrôlé les médias et les communications au cours des 50 dernières années. Jusqu’à 2004, même si les réseaux à large bande étaient facilement accessibles dans la Chine voisine pour la somme de 9,70 USD par mois et au Sri Lanka pour 21,70 USD, il en coûtait 4 794 USD par mois au Myanmar pour un réseau à bas débit. De plus « il fallait débourser 2 500 USD uniquement pour acheter une carte SIM », rappelle Rohan Samarajiva, président de LIRNEasia, un groupe de réflexion sur les politiques et la réglementation en matière de technologies de l’information et des communications situé à Colombo, au Sri Lanka.

Dans le cadre de la transition du pays vers une démocratie qui s’est amorcée en 2010, le gouvernement du Myanmar a cherché à obtenir des réformes pour commencer à reconstruire l’économie, et les télécommunications constituaient un moyen d’obtenir des résultats rapides. Depuis ce temps, le pourcentage de la population possédant un téléphone mobile a augmenté de façon exponentielle, mais les femmes sont 29 % moins susceptibles que les hommes de posséder un téléphone mobile.

En collaboration avec le CRDI, LIRNEasia, a mené une enquête et une analyse rigoureuses portant sur l’accès des femmes à la technologie mobile au Myanmar, et l’utilisation qu’elles en font. Les résultats soulignent une combinaison de facteurs économiques et culturels qui entraînent des inégalités entre les sexes en matière de technologie mobile, tels que le faible revenu du ménage et les rôles traditionnels. Par exemple, un revenu insuffisant constitue la principale raison de l’écart entre les sexes en ce qui concerne la possession d’un téléphone mobile, ou l’accès à ce dernier. Toutefois, cette situation s’explique aussi par le rôle des femmes en tant que « principales responsables des finances » de la famille, lesquelles placent les besoins des personnes qui travaillent à l’extérieur du foyer avant leurs propres besoins. L’étude révèle que bon nombre de femmes croient que la technologie mobile n’a d’utilité que pour les relations sociales et les loisirs. Par conséquent, elles ne justifient pas l’utilisation des ressources limitées du ménage pour leur propre appareil mobile.

Le rapport porte sur l’élargissement des réseaux afin d’améliorer l’accès aux technologies de l’information et de la communication; l’adaptation de la technologie afin qu’elle soit plus accessible et attrayante pour les femmes; la création d’applications qui sont particulièrement pertinentes pour les femmes à l’échelle locale; et l’atténuation des obstacles à la littératie numérique.