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Rendre les villes résilientes aux changements climatiques

 
22 mars 2019

Il est difficile d’améliorer l’environnement local dans une ville en pleine croissance, surtout dans le contexte actuel des changements climatiques qui sont susceptibles d’entraîner une augmentation des précipitations intenses. Ces dernières peuvent faire déborder les systèmes de drainage insuffisants et faire en sorte que des déchets toxiques soient rejetés sur les rives des cours d’eau et des rivières à partir des sites de décharge informels. De plus, la décharge inconsidérée des déchets solides non traités dans les villes peut obstruer les systèmes de drainage.

Ces problèmes sont aggravés par la migration des chercheurs d’emploi de la campagne vers les villes, ce qui a entraîné une croissance démographique et l’expansion des villes dans les plaines inondables de basse altitude. Par ailleurs, la pollution de l’eau et l’engorgement affectent principalement les plus pauvres qui vivent dans ces régions ou dans les parties moins développées des villes. Conséquemment, les autorités municipales subissent des pressions pour élaborer des stratégies visant à gérer les inondations causées par les phénomènes climatiques extrêmes ou le manque d’infrastructures de drainage.

Rôle du comportement humain dans la lutte contre les inondations

La stratégie la plus courante consiste à investir dans les infrastructures afin que les villes puissent éliminer la congestion des systèmes de drainage. Cependant, une analyse des causes de l’engorgement au Bangladesh démontre que les investissements dans les infrastructures physiques ne seront pas suffisants pour atteindre cet objectif. En effet, les villes doivent travailler avec leurs habitants afin de trouver une stratégie visant à améliorer la « culture urbaine » actuelle liée à l’élimination des déchets solides. Une telle solution nécessitera un changement dans les comportements humains en ce qui concerne la réduction et l’élimination des déchets solides.

Une équipe de recherche du Réseau sud-asiatique pour le développement et l’économie environnementale ainsi que de l’Asian Center for Development a examiné la façon de modifier les comportements humains pour améliorer la gestion des déchets solides dans deux villes de l’Asie du Sud - Sylhet au Bangladesh et Bharatpur au Népal. L’objectif est d’aider à éviter la congestion des systèmes de drainage, ainsi que l’engorgement du sol qui en découle, lesquels sont causés par la décharge inconsidérée des déchets solides.

Aucune des deux villes ne possède suffisamment de ressources pour gérer les déchets solides; elles ont plutôt recours à un système de rémunération des services. Par exemple, 94 % des résidents de Bharatpur paient des frais mensuels à des entreprises privées pour le ramassage des déchets solides. Toutefois, les résidents ont exprimé leur insatisfaction à l’égard du service en mentionnant que le ramassage des déchets est irrégulier et incomplet - une partie des déchets n’est pas ramassée, ou est déversée à ciel ouvert ou dans les égouts de la ville. Les fournisseurs de services se plaignent que les résidents ne sortent pas leurs déchets à temps aux points de collecte des déchets ou à l’extérieur de leur maison, et que le l’éboueur ne possède pas les ressources nécessaires pour retourner une deuxième fois au même endroit afin de ramasser les déchets. Entre-temps, les municipalités ont dépensé des montants importants pour gérer les déchets solides puisque les frais qu’elles perçoivent auprès des résidents ne sont pas suffisants.

Solution : un partenariat public-privé

L’équipe de recherche a mené plusieurs groupes de discussion avec les résidents, les fournisseurs de services et les administrations municipales. Les parties prenantes à Bharatpur ont proposé l’utilisation de poubelles publiques pour les consommateurs et les voyageurs. Afin de mettre à l’essai cette idée, on a fourni des poubelles publiques à 75 collectivités choisies aléatoirement (sur les 350 collectivités possibles). On a également fourni aux ménages de ces collectivités des renseignements sur la façon de gérer correctement leurs déchets, y compris le tri des déchets à la source, le compostage, la réutilisation et le recyclage. Par ailleurs, l’équipe de recherche a formé les membres du comité qui servent les collectivités locales sur la façon d’améliorer leur gestion des déchets solides. Aux fins de comparaison, on a établi un groupe témoin composé d’un autre ensemble de 75 collectivités choisies aléatoirement.

À Sylhet, l’équipe de recherche a travaillé avec le conseil municipal afin de décerner plusieurs prix verts : un prix pour les groupes urbains chargés de l’élimination quotidienne des ordures ménagères; un autre pour les ménages qui séparent les déchets compostables des autres déchets et qui gardent leurs espaces verts; et un troisième prix pour les éboueurs qui répondent efficacement aux commentaires des citoyens en utilisant leur application mobile. L’application mobile, qui a été mise au point dans le cadre du projet de recherche, permet aux citoyens de signaler les ordures indésirables dans les rues, et ce, en envoyant une photo géomarquée aux conseillers municipaux. L’équipe de recherche documente maintenant les changements dans les comportements humains en fonction de plusieurs de ces interventions.

En plus d’examiner l’efficacité des interventions visant à améliorer la gestion des déchets solides et l’outil de cartographie des déchets, d’autres composantes de la recherche évaluent les préférences des résidents concernant les services qu’ils souhaitent obtenir de la ville et le montant qu’ils sont prêts à payer pour les obtenir. Par ailleurs, la modélisation du réseau de drainage constitue une autre composante de la recherche. Le modèle du réseau de drainage aide à simuler différents scénarios visant à cerner les possibilités d’inondation et d’engorgement du sol dans plusieurs quartiers de la ville, lors de différents extrêmes climatiques, ainsi que la façon dont les déchets de la ville sont gérés. Enfin, les constatations préliminaires de la recherche ont été communiquées à toutes les parties prenantes, ce qui a également contribué à parvenir à une compréhension commune des enjeux et des solutions proposées.