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Ottawa exprime son soutien lors des projections du documentaire sur l’insurrection syrienne

 

Les récentes projections à Ottawa du film primé Little Gandhi: The lost truth of the Syrian uprising ont été chaleureusement accueillies tant par les parlementaires que par le public.

Le film relate l’histoire méconnue de Ghiyath Matar et d’autres courageux militants syriens qui sont à l’origine de la première manifestation non-violente du pays, qui s’est déroulée dans la banlieue de Daraya à Damas en 2011, avant que la Syrie sombre dans la guerre civile. Lorsque les soldats envoyés pour disperser les militants se sont trouvés face à face avec Matar, ce dernier les a accueillis avec des fleurs et des bouteilles d’eau pour qu’ils puissent s’hydrater sous le soleil de plomb. Ce message de paix et de tolérance a fait sa réputation et a déclenché un mouvement de protestation pacifique qui a valu à Matar le surnom de « Petit Gandhi ». Il a été arrêté en 2011 en raison de son activisme et brutalement torturé puis assassiné pendant qu’il était en détention.

Le CRDI a aidé à financer le documentaire, qui fait partie d’une recherche plus vaste sur le conflit syrien, la justice transitionnelle et l’avenir du pays menée par le Syrian Center for Political and Strategic Studies (SCPSS). « Ce projet et ce film sont importants, car ils abordent les événements du passé, mais réfléchissent également à l’établissement d’une Syrie démocratique », a affirmé Roula El-Rifai, spécialiste de programme principale au sein du programme Gouvernance et justice du CRDI. « Les répercussions du conflit se font sentir bien au-delà des frontières de la Syrie et le film permet aux gens d’en apprendre davantage sur la situation et de mieux comprendre ce qui se passe même s’ils vivent loin de la violence. »

Projection sur la Colline du Parlement

Plusieurs députés ainsi que le sénateur Jim Munson ont assisté à une projection spéciale le 22 février. L’hôte du CRDI, le député de Brampton-Est, Raj Grewal, a souligné l’important rôle de sensibilisation de ce film, qui dévoile aux Canadiens la réalité des quelque 40 000 réfugiés syriens que le pays a accueillis. « Si nous voulons vraiment accueillir nos frères et soeurs syriens au sein de notre grande nation et les aider à s’y intégrer, nous devons faire un effort pour comprendre d’où ils viennent, ce dont ils ont souffert et ce en quoi ils croient », a-t-il dit.

Stephen McGurk, vice-président, Programmes et partenariats du CRDI, a présenté le film en expliquant qu’il fait partie d’un projet appuyé par le CRDI ayant pour mission de dresser le portrait de la société syrienne d’après-conflit. « Le projet comprend des recherches sur les enjeux en matière de justice transitionnelle, les méthodes utilisées pour intenter des poursuites criminelles, les possibilités de réparation, les façons de commémorer les morts et les démarches de réconciliation nationale », a précisé McGurk. « Le but ultime est d’établir un processus de justice transitionnelle qui serait dirigé et mis en oeuvre par les Syriens. Little Gandhi contribue de façon significative à combler le besoin de réconciliation en présentant les points de vue des victimes. »

Projection au cinéma Mayfair

Le 25 février, à l’occasion de la projection, le cinéma Mayfair était plein à craquer, renfermant plus de 300 personnes souhaitant en apprendre davantage sur l’insurrection syrienne. Une séance de questions-réponses avec le public a suivi le film et a exploré le rôle de la communauté internationale dans la résolution du conflit syrien, l’influence des médias et la représentation du conflit, ainsi que la réaction des spectateurs ayant vu le film.

Lorsqu’on a demandé au bénéficiaire de subvention du CRDI, Radwan Ziadeh, directeur exécutif du SCPSS, quelle était la solution au conflit syrien, il a expliqué que la communauté internationale avait divisé la crise syrienne en trois enjeux : la nécessité d’éliminer les organisations terroristes telles que l’EI, l’afflux de réfugiés syriens et la transition syrienne. Il a précisé que le monde se concentre sur les deux premiers, mais que « personne ne s’intéresse à la transition. Si nous ne parvenons pas à relier ces trois aspects, je ne vois pas de solution à la crise syrienne. »

Le réalisateur du film, Sam Kadi, a fait part des défis posés par le tournage en zone de guerre. Kadi et son équipe ont été incapables d’entrer dans la ville assiégée de Daraya (une banlieue de Damas). Ils ont donc recruté et formé un militant local en ligne afin qu’il puisse filmer des scènes et faire des entrevues, Kadi lui indiquant la marche à suivre à distance par Skype. Les militants ont pris de grands risques personnels pour que le film voie le jour, en faisant sortir les séquences de la Syrie clandestinement sur des clés USB attachées au corps d’un des militants. « C’est en Syrie qu’est né l’alphabet, que la première note musicale a été inventée, que l’église la plus ancienne a été bâtie, que la plus ancienne ville habitée a été construite », a déclaré Kadi. « C’est un trésor qui doit être protégé. »

Little Gandhi: The lost truth of the Syrian uprising a remporté le prix du meilleur documentaire étranger dans le cadre du 21e Festival international du film familial à Los Angeles et le Prix Ahmed Khedr de l’Excellence dans la Réalisation arabe au Festival européen du film indépendant.