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Lorsque la croissance ne suffit pas : en quête d’une économie transformatrice

 
21 juillet 2016

L’Afrique a atteint une croissance économique impressionnante ces 15 dernières années. Entre 2001 et 2010, six des 10 économies à la croissance la plus rapide se trouvaient en Afrique. Bien que la croissance ait été modérée ces dernières années, on s’attend à ce qu’elle reprenne bientôt. On observe toutefois des signes d’accroissement du chômage chez les jeunes et une persistance des inégalités entre les sexes dans l’ensemble du continent. Les inégalités sont également à la hausse : en Afrique, le coefficient de Gini moyen (l’indice statistique des inégalités le plus utilisé) est 1,1 fois plus élevé que dans les autres pays en développement. Compte tenu de ces problèmes, la question que chacun se pose est la suivante : de quelle manière les pays peuvent-ils favoriser la croissance économique tout en améliorant le niveau de vie de l’ensemble de la population ?

Le 1er juin 2016, le CRDI a organisé une table ronde instructive et motivante au sujet du potentiel de croissance économique partagée de l’Afrique. Mettant en vedette des experts travaillant en étroite collaboration avec le CRDI, les groupes de discussion ont permis aux participants d’échanger des idées pouvant conduire à de nouvelles orientations et à de nouveaux projets destinés à résoudre ces importants problèmes de développement international. Le Forum économique mondial a mis au point un outil d’analyse comparative qui englobe 112 pays et utilise 140 indicateurs afin de mesurer l’efficacité avec laquelle les pays parviennent à assurer une croissance économique partagée. Cela constitue un bon point de départ pour l’échange de connaissances entre les pays et pour déterminer des moyens de promouvoir une société plus inclusive.

L’un des principaux enjeux est le fait que l’économie de l’Afrique s’est développée sans qu’aucune transformation structurelle n’ait été apportée. Les experts ont souligné l’absence notable de base manufacturière en Afrique. En effet, le secteur manufacturier a connu une érosion régulière que les analystes appellent une « désindustrialisation prématurée ». Le malaise observé dans ce secteur et l’incapacité de créer une complexité économique dans cette région représentent des obstacles importants à l’amélioration des moyens de subsistance. Selon Haroon Bhorat, directeur de la Development Policy Research Unit (DPRU) de l’Université du Cap, « il faudrait créer des stratégies de croissance partagée à l’échelle nationale en s’appuyant sur la compréhension de ce malaise dans le secteur manufacturier ».

Toutefois, la solution pour parvenir à une croissance partagée ne dépend pas seulement de la capacité de la région à développer son secteur manufacturier. Les experts ont expliqué qu’il ne faut pas minimiser le potentiel du secteur tertiaire. La croissance des services exportables actuels peut accroître la productivité et la croissance et ouvrir la voie à un développement élargi. Il faudrait donc intégrer le renforcement des capacités du secteur tertiaire aux programmes de transformation structurelle de la région.

Nous tenons à remercier les experts ayant participé au débat, à savoir Haroon Bhorat (directeur de la Development Policy Research Unit, Université du Cap), Gemma Corrigan (économiste, Forum économique mondial), Paul Shaffer (Department of International Development Studies, Université Trent) et Gordon Betcherman (École de développement international et mondialisation, Université d’Ottawa).

Pour en savoir plus sur les projets du CRDI portant sur la croissance partagée en Afrique :