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Les innovations au service d’une meilleure santé

 

Photo : Direct Relief

Les systèmes de santé des pays en développement doivent relever d’énormes défis pour fournir des services de qualité à un prix abordable. Il existe notamment des obstacles géographiques, une pénurie de personnel qualifié et des données insuffisantes.

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De plus en plus, ces pays explorent le potentiel de la cybersanté (utilisation d’Internet et des technologies de communication pour la santé) et de la santé mobile (utilisation de technologies mobiles pour la santé) pour la prestation de services.

Pour réaliser ce potentiel, il faut trouver des solutions, techniques et sociales, qui fonctionnent dans des environnements spécifiques. C’était l’objectif de projets financés par le CRDI dans sept pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et du Moyen-Orient. L’initiative Promotion de l’équité au moyen du renforcement des capacités de recherche appliquée en cybersanté (SEARCH) a montré que les innovations doivent être ancrées dans les politiques locales et les contextes sociaux et culturels pour être durables et avoir le potentiel d’atteindre un plus grand nombre de personnes.

Surmonter les distances et l’isolement

L’avantage le plus prisé de la cybersanté est sa capacité à franchir de longues distances pour fournir des services ponctuels et ciblés aux populations mal desservies. Toutefois, la manière d’y parvenir peut varier considérablement et nécessiter des innovations tant technologiques que sociales.

Au Burkina Faso, par exemple, les chercheurs ont utilisé des logiciels ouverts (qui peuvent être librement modifiés à diverses fins) pour développer une plateforme de téléphonie mobile permettant d’améliorer l’accès à l’information et aux soins de santé. Un système vocal et de messagerie interactive intégrant cinq grandes langues locales a été mis au point pour surmonter les obstacles à l’alphabétisation.

Des chercheurs au Liban, en collaboration avec des experts du ministère de la Santé publique, ont créé des contenus et des outils spécialement conçus pour les populations de réfugiés mal desservies et les agents de santé communautaires qui leur rendent visite. Le projet a fourni des soins de meilleure qualité aux femmes et aux hommes souffrant de maladies non transmissibles telles que l’hypertension artérielle et le diabète, y compris aux femmes enceintes atteintes de diabète gestationnel.

Cependant, la technologie ne suffit pas en soi. Au Vietnam, les centres de santé dans les régions montagneuses reculées étaient déjà informatisés, mais les barrières linguistiques, le faible niveau d’éducation et l’accès limité à l’information étaient des obstacles majeurs à l’amélioration des soins pour les femmes des minorités ethniques isolées. L’identification de leurs besoins et l’élaboration de messages textes ciblés ont permis d’améliorer la santé des mères et de leurs bébés.

Les innovations peuvent aussi surmonter les barrières culturelles. Lorsque les chercheurs du Burkina Faso ont rencontré de la résistance chez les maris des femmes participant au projet, ils ont développé une stratégie de communication à tous les niveaux : à la maison, entre conjoints, dans les villages, dans les centres de santé et dans les associations de santé communautaire.

Renforcement des effectifs du personnel de santé

La pénurie de personnel de santé est un obstacle majeur à l’amélioration de la santé dans de nombreux pays.

Pour combler cette lacune en Éthiopie, une plateforme de cybersanté a été mise en place pour fournir aux agents de vulgarisation sanitaire l’information et le soutien dont ils ont besoin pour fournir de meilleurs soins maternels, infantiles et antituberculeux à leurs communautés. Grâce aux téléphones mobiles, ils peuvent désormais accéder aux profils de santé des patients et transmettre les données au système de santé. Des connaissances accrues et des compétences technologiques plus poussées ont accru leur confiance en soi, leur leadership dans la collectivité et leur réputation dans le système de santé. Cela contribue à mettre en place des services de santé plus responsables et mieux adaptés.

Des chercheurs du Burkina Faso ont recruté et formé des femmes qui sont respectées au sein de leurs communautés, pour servir d’intermédiaires entre le système de santé et les femmes locales. Cette solution met l’accent sur le rôle de la collectivité dans l’administration du traitement, le suivi des patients et l’aide à transmettre des messages de sensibilisation et des rappels; tâches qui incombent habituellement aux professionnels de la santé.

Au Liban, de nouveaux outils offrent aux travailleurs de la santé un moyen de sortir de l’isolement professionnel et les aident, ainsi que leurs patients, à prendre de meilleures décisions médicales. Parmi ces nouveaux outils, on trouve du matériel de formation en ligne pour mettre à jour l’information destinée aux fournisseurs de soins. Les plateformes en ligne les ont aidés à mettre en commun des renseignements et expériences, et à se sentir connectés.

Améliorer la qualité et l’accessibilité des données

Des données exactes et à jour sont essentielles pour évaluer les besoins en matière de santé des populations, planifier et gérer les interventions sanitaires et fournir des services en temps opportun. Hélas, dans de nombreux pays, les systèmes d’information sanitaire ne sont pas à la hauteur.

Au Bangladesh, les chercheurs ont constaté que le système d’information de gestion utilisé par les initiatives de cybersanté ne communiquait pas bien l’information, et que les lignes directrices nationales en matière de gestion de l’information et des données ne tenaient pas compte des questions de confidentialité. Le cadre qu’ils ont élaboré pour résoudre ces problèmes favorise l’intégration du système et la confidentialité dans les projets de cybersanté à venir.

Les chercheurs au Kenya ont constaté que de nombreux responsables de la mise en oeuvre de la cybersanté au pays étaient peu enclins à communiquer l’information, ce qui entraînait des chevauchements et un gaspillage de ressources. Cela a également limité la capacité du ministère de la Santé à tirer des enseignements et à veiller à ce que les projets répondent aux priorités nationales. Le ministère élabore actuellement un cadre pour certifier toutes les innovations en matière de cybersanté afin de réduire les chevauchements et d’encourager l’utilisation de plateformes communes. Afin d’assurer la sécurité, la confidentialité et la facilité d’accès aux données, le ministère et l’Université de Nairobi sont en train de créer un serveur commun pour stocker les données dans le pays.

L’interopérabilité (la capacité des différents systèmes informatiques et applications logicielles à communiquer, échanger et interpréter les données) a été une considération primordiale au Pérou. Le succès du projet WawaRed repose sur la création d’une plateforme intégrée de collecte et d’analyse des données qui relie le système de santé fragmenté du pays. Un dossier de santé électronique intégré pour les mères et les enfants garantit que les bons renseignements et conseils profitent aux plus vulnérables. Les décideurs ont été formés à l’utilisation des données, ce qui leur a permis de mieux planifier et répartir les services de santé.

Des solutions intelligentes sont la clé du succès

Comme le montrent les projets SEARCH, l’innovation consiste à trouver des solutions intelligentes aux défis. Ces solutions doivent être conçues de manière à répondre aux besoins et aux priorités identifiés en matière de santé, être appuyées par un environnement favorable et assurer l’intégration des systèmes.

Des partenariats efficaces entre tous les intervenants sont également essentiels. L’engagement de la communauté et du gouvernement, un contenu pertinent au niveau local et la participation du secteur privé (comme au Burkina Faso et au Pérou) contribuent à des solutions efficaces et évolutives. Grâce à l’utilisation intelligente de la technologie et à des relations solides avec les dirigeants et la collectivité, le potentiel de changement est énorme.

De solides relations sont également essentielles au succès de la recherche. Bien qu’elles soient situées dans des fuseaux horaires différents et parlent des langues différentes, les sept équipes SEARCH mettent régulièrement en commun les enseignements tirés de leurs travaux et apprennent les unes des autres. Les discussions sur des thèmes transversaux cruciaux tels que les sexospécificités, la qualité de la recherche et la manière d’obtenir des résultats sur les politiques et les pratiques ont contribué au décloisonnement et à l’enrichissement des connaissances collectives.

 

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