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La santé mobile améliore le rendement des travailleurs de la santé en Éthiopie

 

Les agents de vulgarisation sanitaire en Éthiopie exercent des fonctions uniques, car ils maintiennent un lien essentiel entre les collectivités et le secteur de la santé.

Comme ils fournissent des services de première ligne au sein du système de soins de santé primaires, ces agents assument l’immense responsabilité d’offrir des services aux familles et aux collectivités. Ils transmettent également de l’information aux établissements de niveau supérieur pour qu’ils aient en main les ressources qui conviennent pour traiter les patients et leur donner les soins appropriés.

Dans la zone Sidama dans le sud de l’Éthiopie, une nouvelle plateforme de cybersanté qui utilise les téléphones cellulaires (santé mobile), mise à l’essai par le département de la Santé de la zone Sidama (SZHD) de REACH Ethiopia, en collaboration avec la Liverpool School of Tropical Medicine, et grâce à un financement octroyé par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), permet une prestation de services et une production de rapports plus rapides et plus précises. Ce faisant, le projet améliore la situation des travailleurs de la santé et contribue à accroître l’équité au sein du système de santé et de la collectivité, ainsi qu’en matière d’accès aux services.

Joindre la population mal desservie

Les services de santé officiels ne sont pas accessibles dans les régions rurales d’Éthiopie, où 84% de la population habite. Afin d’améliorer l’accès aux services essentiels, le gouvernement éthiopien a lancé le Health Extension Program (programme de vulgarisation sanitaire) en 2003. Les fondements du programme étaient le recrutement, la formation et le déploiement de travailleurs de la santé afin qu’ils servent leur propre collectivité. Le nombre d’agents de vulgarisation sanitaire – toutes des femmes – s’élève maintenant à plus de 38 000, ou 2 pour 600 ménages. Ces travailleuses représentent 47% des professionnels de la santé du pays.

Elles consacrent 70% de leur temps aux visites à domicile afin de faire de l’éducation et d’offrir des services liés à la santé. Le reste du temps, elles travaillent au poste sanitaire où elles font de l’éducation à la santé, des suivis de grossesse et de la vaccination.

L’Éthiopie profite grandement des services offerts par les agentes de vulgarisation sanitaire; les décès d’enfants ont chuté de 28%, les décès attribuables au paludisme ont diminué de plus de 50% et le nombre de cas de VIH traités s’est multiplié par 150.

Régler les problèmes de fragmentation du système de communication

Le pays est encore loin de son objectif qui consiste à offrir une couverture de soins de santé primaires universelle. L’une des principales difficultés est d’améliorer les données sur la santé fournies par les agentes de vulgarisation sanitaire et les employés des postes sanitaires. Le système de gestion de l’information en place est tributaire des rapports papier qui sont transportés des postes sanitaires aux centres de soins de santé, puis aux districts, aux zones et, enfin, à la région. Les rapports incomplets ou incohérents, le mauvais contrôle des données et l’utilisation insuffisante des données existantes entravent la capacité à intervenir de façon appropriée et en temps opportun. En outre, les agentes de vulgarisation sanitaire sont surchargées à la maison et au travail. En raison de ce manque de temps, conjugué aux barrières linguistiques, des erreurs dans la communication des données se produisent.

En 2012, le gouvernement éthiopien a mis au point une stratégie sur la santé mobile sollicitant des projets qui permettraient d’améliorer l’efficacité des agentes de vulgarisation sanitaire, particulièrement dans les secteurs de la santé des mères et des enfants ainsi que du contrôle de la tuberculose, des domaines prioritaires en matière de santé.

Cette sollicitation a trouvé écho auprès de REACH Ethiopia, qui a réalisé un projet primé dans la zone Sidama afin d’améliorer le dépistage et le traitement de la tuberculose. La technologie mobile et les agentes de vulgarisation sanitaire ont joué un rôle essentiel afin de faire passer les taux de dépistage de la tuberculose de 60 à 100%, y compris chez les groupes souvent négligés comme les femmes, les enfants et les aînés.

De meilleures données pour une meilleure santé

En prenant appui sur cette réussite, REACH a cherché la meilleure façon, pour les agentes de vulgarisation sanitaire, d’utiliser les technologies mobiles afin de soutenir les systèmes de santé ainsi que d’améliorer la qualité des services et l’équité. Menée en collaboration avec la Liverpool School of Tropical Medicine, la recherche a été soutenue par le CRDI.

Dans le cadre du programme, 70 téléphones cellulaires ont été remis aux agentes de vulgarisation sanitaire, à leurs superviseurs et à d’autres personnes qui prennent part à l’exécution du programme. Les centres de soins de santé ont reçu des ordinateurs de bureau pour la consignation de données, et 57 agentes de vulgarisation sanitaire ainsi que 68 professionnels de la santé ont suivi une formation sur la plateforme de cybersanté.

Les agentes de vulgarisation sanitaire ont constaté que la technologie facilitait la production de rapports et l’accès aux dossiers des patients. Comme l’a indiqué un superviseur d’un centre de soins de santé, « le recours à des téléphones cellulaires pour la gestion de la santé des mères et de la tuberculose a amélioré l’accès aux données et leur utilisation en temps opportun, ainsi que la communication et la prise de décisions ».

Dans l’ensemble, on a pu annoncer plus de grossesses et dépister un nombre plus élevé de cas de tuberculose. Dans un district, le nombre de naissances accompagnées par un professionnel est passé à 98%, et seulement 11% des femmes ne se sont pas présentées à leurs suivis prénataux, ce qui indique une amélioration considérable. Le chef du district attribue cette réussite au service de messages texte qui rappelle aux agentes de vulgarisation sanitaire de visiter les femmes enceintes lors des semaines précédant l’accouchement. Le projet a également permis d’améliorer la qualité des données et de réduire les erreurs.

Un outil qui favorise l’équité

Le projet de santé mobile a fourni aux agentes de vulgarisation sanitaire l’information et le soutien dont elles avaient besoin pour fournir des services à leur collectivité. L’équité en matière de santé s’est améliorée, car les personnes et les ménages vulnérables ont dorénavant accès aux services dont ils ont besoin.

De plus, les agentes de vulgarisation sanitaire ont amélioré leurs connaissances et ont renforcé leurs compétences techniques, ce qui a accru leur confiance en elles et leur leadership dans la collectivité. À titre de membres du conseil communautaire, elles soulèvent maintenant des questions liées à la santé aux fins de discussions et de prise de décisions. Cela contribue à la mise en place de services de santé mieux adaptés et plus responsables, car les agentes de vulgarisation sanitaire aident le conseil à mieux comprendre les besoins de tous les membres de la collectivité.

Ce projet a également amélioré leur réputation au sein du système de santé – où les femmes sont souvent sous-représentées – puisqu’elles contribuent davantage à produire des données, à les intégrer dans le système de santé et à les mettre en application dans la prise de décisions.

Comme l’a indiqué un travailleur de la santé, « les gens nous admirent parce que nous avons le téléphone... le gouvernement reconnaît le travail que nous réalisons... et cela a changé notre relation avec la collectivité. Maintenant, les gens nous associent à nos réussites. Dans les forums destinés aux femmes enceintes, nous proposons des solutions et présentons des réalisations, et nous pouvons communiquer les points de vue à l’ensemble du système de santé ».

Pour mettre en oeuvre ce modèle partout au pays, il faudra régler les problèmes liés à la couverture limitée du réseau mobile et aux sources instables de courant en région rurale. Toutefois, d’autres districts ont indiqué vouloir mettre le système en oeuvre. D’ailleurs, l’une des travailleuses de la santé a précisé qu’elle espère « que le programme continuera d’être utilisé, car il est juste, opportun et peut être appliqué à d’autres secteurs que celui de la santé des mères ».

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Plus de 6500 personnes ont reçue des messages d'alerte mobile