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Abolir les obstacles que constituent les frais de santé : les enseignements tirés en Afrique de l’Ouest

 

Bien que des progrès aient été récemment réalisés en Afrique subsaharienne, cette région continue d’afficher les taux de mortalité maternelle, de mortalité infantile et de mortalité juvénile les plus élevés dans le monde. De 2009 à 2012, des chercheurs dirigés par le Laboratoire d’études et de recherches sur les dynamiques sociales et le développement local (LASDEL), au Niger, ont analysé les efforts déployés par les gouvernements du Burkina Faso, du Mali et du Niger en vue d’améliorer l’accès aux soins de santé, dont la suppression des frais d’utilisation des services de santé.

Dans ces trois pays d’Afrique de l’Ouest, où les femmes et les enfants sont particulièrement à risque, près de la moitié de la population vit dans la pauvreté. Les gouvernements ont réduit ou éliminé les frais rattachés au traitement et à la prévention du VIH/sida et du paludisme, aux césariennes et aux autres interventions pratiquées pendant l’accouchement ainsi qu’aux soins prodigués aux femmes enceintes et aux enfants de moins de cinq ans. Le gouvernement du Niger a même exempté les femmes des frais reliés à la contraception et au traitement contre le cancer.

Les travaux recherche confirment que l’élimination des frais de santé accroît nettement l’accès des femmes les plus démunies aux services de santé et leur utilisation de ces derniers. Ils révèlent toutefois également que la planification et la mise en oeuvre inadéquates des services ont miné leur qualité. La façon dont les gouvernements ont instauré l’exemption des frais de santé a exercé des pressions additionnelles sur les systèmes de santé, qui étaient déjà fragiles. Au Burkina Faso, par exemple, on a mal préparé les travailleurs de la santé, et ces derniers se sont plaints de charges de travail ingérables. En outre, on a omis de bien renseigner les collectivités au sujet des subventions et de préciser clairement quels services sont gratuits et quels services sont partiellement subventionnés.

La chercheuse Aïssa Diarra souligne que les pénuries de fournitures médicales constituent l’une des plus grandes difficultés à surmonter au Niger, où le financement des services de santé repose sur un système de recouvrement. Les établissements de santé se font donc rembourser les coûts liés à la prestation des services. Or, il arrive qu’ils doivent attendre jusqu’à un an pour recouvrer ces coûts.

L’analyse donne à penser que les nouvelles politiques et nouveaux programmes doivent être élaborés en fonction des réalités locales. L’abolition des frais d’utilisation ne suffit pas; les gouvernements doivent mettre en place les mécanismes organisationnels, techniques et financiers requis pour s’assurer que la qualité des soins de santé primaires n’est pas compromise.

Le LASDEL pilote actuellement un projet quinquennal de recherche et de formation portant sur les problèmes négligés des systèmes de santé en Afrique de l’Ouest et qui est axé plus particulièrement sur les questions délicates jugées cruciales pour la santé maternelle et infantile, comme les normes de pratique des sages-femmes et le traitement réservé aux femmes dont la grossesse a été interrompue. Le but est d’éclairer les débats publics et de sensibiliser les décideurs, les établissements de formation et les syndicats aux problèmes systémiques qui font obstacle aux réformes des soins de santé.

En savoir plus au sujet des travaux de recherche que le CRDI subventionne en ce qui concerne la santé maternelle

Le financement des services de santé repose sur un système de recouvrement. Les établissements de santé se font donc rembourser les coûts liés à la prestation des services. Or, il arrive qu’ils doivent attendre jusqu’à un an pour recouvrer ces coûts.  [traduction]

 

Aïssa Diarra, chercheuse au Laboratoire d’études et de recherches sur les dynamiques sociales et le développement local (LASDEL), au Niger