Alors que la violence sexuelle s'est accrue au Bangladesh, en Inde, au Népal, au Pakistan et au Sri Lanka en raison des récents conflits armés, elle est de plus en plus passée sous silence. Par exemple, lorsque la violence a pris fin au Sri Lanka, on n'a pas abordé ouvertement le recours à la violence sexuelle comme arme de guerre. Même si le recours répété au viol ne fait pas de doute, le tribunal international pour les crimes de guerre établi au Bangladesh en 2009 n'en a fait aucune mention. Ailleurs dans le monde, on reconnaît de plus en plus le viol non seulement comme arme de guerre, mais également comme crime contre l'humanité et comme instrument de génocide. En Asie du Sud, cependant, l'analyse critique de la jurisprudence relativement à la violence sexuelle est un phénomène nouveau et il n'existe pas encore de communauté de pratique solide.
Ce projet explorera les raisons pour lesquelles la violence sexuelle demeure un tabou en Asie du Sud dans les discussions au sujet des pays et des populations en proie à des conflits politiques. Il permettra de réunir les connaissances collectives d'universitaires, de chercheurs et de militants sud-asiatiques au sujet de la violence sexuelle et de l'impunité. Le projet vise à constituer une communauté de jeunes chercheurs dévoués qui s'inspireront de nouvelles connaissances dans leurs travaux. Le but ultime : un dialogue plus approfondi sur la paix et la justice en Asie du Sud.
Des chercheurs experts en violence sexuelle et impunité, en justice et réparations ainsi qu'en pratiques et lacunes d'ordre juridique seront invités à rédiger des documents de recherche analytique. Des personnes ayant survécu à la violence sexuelle livreront également des témoignages. Enfin, des ateliers sur chacun des domaines de recherche permettront à des rédacteurs et à des chercheurs de mettre en commun leurs connaissances et de renforcer leurs capacités de recherche. Les constatations émanant du projet seront diffusées au moyen de différentes plateformes, dont des livres, et serviront à accentuer le plaidoyer et le lobbying auprès des États et des gouvernements.