Une équipe de recherche internationale s’emploie à protéger la santé humaine et l’environnement en améliorant les pratiques agricoles dans quatre pays d’Asie.
Dans un contexte de croissance nationale effrénée, l’agriculture s’intensifie et produit de nombreux avantages économiques. Une telle intensification peut toutefois endommager l’environnement et poser de sérieux risques pour la santé. La santé humaine dépend de la santé des écosystèmes environnants. Cela a suscité un domaine d’études appelé écosanté.
L’Initiative de renforcement du leadership en recherche en écosanté, financée par le CRDI, vise à atténuer les risques pour la santé que présentent les pratiques d’agriculture intensive en Asie du Sud-Est et en Chine. Depuis cinq ans, le groupe international a étudié des problèmes particuliers et d’éventuelles solutions d’écosanté en Chine, en Indonésie, en Thaïlande et au Vietnam. Les scientifiques ont analysé des échantillons d’urine de fermiers dans le comté de Yuanmou, une importante région maraîchère de la Chine, dont 28 % montraient des traces d’au moins un pesticide, même si en l’an 2000 la région a adopté des pesticides de faible toxicité. Les membres de l’équipe ont distribué des calendriers d’information et ont utilisé le théâtre de rue pour encourager les fermiers à réduire l’emploi des pesticides et à les épandre de manière sécuritaire.
Une autre équipe a rencontré une incidence accrue de la dengue et de chikungunya dans les plantations de caoutchouc dans l’est de la Thaïlande, et elle a constaté que les travailleurs connaissaient peu ces maladies vectorielles. Les scientifiques ont aussi découvert que l’eau de la région était contaminée de métaux lourds et de bactéries telles qu’E. coli et la Salmonelle. Ils ont observé que l’élimination et la manutention des produits chimiques étaient inadéquates, ainsi que les mesures de protection personnelle et d’assainissement. En plus de fournir des renseignements sur la santé, l’équipe de recherche a encouragé l’utilisation de vestes moustiquaires imprégnées d’insecticide comme mesure de protection personnelle. Un projet pilote de lutte antivectorielle a permis d’introduire des moustiques mâles super stériles dans l’environnement afin de réduire les populations vectorielles et les risques que posent les maladies qu’ils propagent.
Dans des communes vietnamiennes, le groupe a mené des essais sur le biogaz, un carburant produit à partir de déchets humains et animaux, et a découvert que les eaux usées provenant de la production de ce gaz contenaient des quantités anormales d’E. coli et de la Salmonelle, du Giardi et d’autres contaminants nuisibles. L’utilisation comme engrais des eaux usées du biogaz augmente le risque de diarrhée chez les fermiers. Les villageois ont été reconnaissants qu’un expert du biogaz leur enseigne de bonnes méthodes de gestion en la matière, et certains villages ont même adopté de nouvelles règles d’assainissement à l’issue du projet.
Près de 30 % de la production laitière en Indonésie a lieu dans la province de Java-Ouest. Des travaux de recherche réalisés dans le district de Pangalengan de cette province ont révélé que les exploitants de petites fermes laitières étaient aux prises avec un faible rendement laitier, un lait de piètre qualité et de mauvaises pratiques d’assainissement. Les chercheurs ont mis au point des façons de convertir la bouse de vache et les matières fécales des vers de terre en engrais. Ils ont aussi élaboré un supplément alimentaire pour les vaches fait de mélasse, de probiotiques, de curcuma, de feuilles de groseillier et de vers de terre. Non seulement ces mesures ont-elles créé une nouvelle source de revenus pour les fermiers, mais elles ont amélioré leur rendement.
Bien qu’il demeure difficile d’amener les décideurs à adopter des politiques d’écosanté, l’Initiative de renforcement du leadership en recherche en écosanté témoigne des progrès réalisés grâce à la collaboration et à la mobilisation des communautés locales et d’autres parties prenantes. L’Initiative de renforcement du leadership en recherche en écosanté a permis d’intégrer l’écosanté dans le programme d’études de quatre universités en Asie du Sud-Est (au Vietnam, en Thaïlande, en Indonésie) et en Chine. Plus de 400 professionnels et diplômés universitaires ont participé à des ateliers offerts dans la région et portant sur l’écosanté et le leadership dans le but de créer la prochaine génération de professionnels en matière d’écosanté.
La version originale anglaise du présent article a été publiée dans l’édition de 2017 de la publication Asia Research News.
Photo : International Livestock Research Institute